Dans le décor lunaire des hauts plateaux andins, au fond de la vallée sacrée de l’Inca, des paysans d’un autre âge cultivent les céréales du futur. Elles s’appellent quiwichua, tarwi ou quinua, font l’objet des études les plus sérieuses d’agronomes et de nutritionnistes occidentaux.
Premier résultat concret, la quinua est désormais inscrite au menu des astronautes en manque de protéines et envahit les étals bio de nos supermarchés. Rien ne nous interdit de penser qu’elle connaîtra un jour le succès de la pomme de terre, elle aussi originaire des champs de l’Inca. Tout comme l’est d’ailleurs Mama coca, la feuille sacrée, sans laquelle il est impossible de comprendre qu’une civilisation agricole soit parvenue à s’épanouir entre trois et quatre mille mètres d’altitude.
C’est pour défendre pareil patrimoine qu’une poignée de paysans quechua a fondé la première réserve naturelle indigène et entend non seulement protéger les richesses de la Pachamama, la terre nourricière, mais récupérer ce que les « étrangers » ont pris sans autorisation depuis cinq siècles de domination. Début de cette reconquête agricole, une collection de trois mille cinq cents variétés de pommes de terre…