L’humain est génétiquement programmé pour vivre le jour et dormir la nuit. Comme depuis fort longtemps, vivre c’est travailler, eh bien nous allons au chagrin, au boulot, au turbin, au champ, à l’usine, dans la journée… entre le chant du coq et l’étoile du berger. C’est comme cela, au moins dans le monde Occidental, depuis plusieurs milliers d’années, mais tout est en train de changer, pas à la vitesse de la lumière (sur la nuit), mais presque.
En 2014, l’étude de la DARES (TRADUCTION !) montre que, 15,4 % des salariés (21,5 % des hommes et 9,3 % des femmes), soit 3,5 millions de personnes, en France, travaillent la nuit. C’est, il faut le souligner, un million de plus qu’en 1991. L’augmentation est particulièrement forte chez les femmes qui acceptent, surtout lorsqu’elles sont seules au foyer, de rogner sur les conditions de travail en échange d’un salaire supérieur à celui pratiqué de jour.
Le phénomène prend aujourd’hui une telle ampleur qu’il mobilise chercheurs, médecins du sommeil, inspecteurs du travail, responsables des ressources humaines, syndicalistes… Tous s’accordent à dire que le phénomène semble aussi inéluctable au plan social qu’il est par essence « inhumain ».
Qu’il faut donc l’encadrer socialement en faisant appel aux lois, médicalement en imposant des contrôles contraignants … Troubles du sommeil, de la digestion, dérèglements gynécologiques et désordres psychologiques, accidents cardio-vasculaires, cancers sont des menaces réelles, déjà concrètement détectés…
Et pourtant, il existe aussi des poètes qui aiment se moucher dans les étoiles, s’éclairer à la bougie ou aux lucioles, des gens qui fuient simplement le chaos effrayant des foules grouillantes dans les entrailles de la ville, le jour. Ce documentaire leur donne la parole, car ces amoureux là ne cachent pas leur marginalité, volontaire ou forcée – parfois les deux- dans le domaine des amours, de la famille, donc finalement de la société… Leurs paroles sont murmurées, posées, confiées, apaisées. C’est ainsi, la nuit, nul besoin de crier…
La nuit, chacun s’en va vers sa lumière, écrivait Victor Hugo, à une époque où l’humanité tâtonnait encore grandement dans l’obscurité. Les protagonistes que ce film éclaire tout en nuance et filme en douceur, confirment… A méditer donc…